• Mon musée imaginaire, salle 1 : "Allégresse galante"

    C'est après avoir vu l'article de Matilda sur son Musée imaginaire que j'ai eu envie, à mon tour, d'en rédiger un (ou peut-être plusieurs, qui sait), le but étant de rassembler nos oeuvres favorites, qui pourraient ainsi se trouver toutes dans un même musée. Ayant fait une licence en histoire de l'art, cette idée ne pouvait que me plaire !

    Pour le premier espace de mon musée, je rassemblerais des toiles issues du XVIIIe siècle et d'un art basé sur la frivolité, le plaisir, la galanterie, le libertinage, et qui connaîtra son apogée sous le règne de Louis XV. Il se poursuit ensuite sous Louis XVI avec des thèmes moins frivoles, mais l'ambiance légère reste. Ce qui me plait notamment dans cet art, c'est sa douceur et les nombreuses métaphores que l'on peut trouver dans la peinture.

    En L3, j'ai suivi un cours qui m'a beaucoup plu : "Allégresse galante et séductions à la grecque : l'art français du XVIIIe siècle". Je vais m'en inspirer pour nommer cette première salle du musée : "Allégresse galante",

     

    Watteau, Le Pèlerinage à l'île de Cythère, 1717, musée du Louvre

    Avec cette oeuvre de Watteau apparaît le terme de "fête galante".

    J'aime beaucoup cette toile, l'effet vaporeux qui s'en dégage, ses couleurs pastels, son ambiance à la fois pleine d'allégresse et de mélancolie (on ne sait pas si les amants s'apprêtent à embarquer pour l'île de l'amour - Aphrodite serait née prêt de Cythère - , ou s'ils sont sur le point de la quitter), tous ses symboles qu'on pourrait s'amuser à trouver : les symboles du pèlerins (le bâton, le camail - la pèlerine que portent les hommes, la coquille Saint-Jacques sur l'embarcation, qui serait plutôt ici un signe d'Aphrodite, etc.), ceux de l'amour (la statue de la déesse à droite, sa coquille donc, les petits Amours qui virevoltent dans le ciel, les trois couples à droite : assis, c'est la séduction ; puis la femme est conquise et l'homme l'aide à se relever ; enfin le couple part ensemble). Mais les symboles ne sont pas que figurés, ils sont aussi dans le titre même du tableau : "pèlerinage" invite au voyage, au passage d'une rive à une autre, d'un état à un autre (la progression de l'amour entre deux personnes). On pourrait dire tellement de choses sur cette oeuvre, qu'il ne faut pas confondre avec L'Embarquement pour Cythère, du même peintre, peint un ou deux ans après, et conservé à Berlin : le même thème y est traité, mais l'on y relève des différences, à commencer par les couleurs, plus vives).

     

    Fragonard, Les hasards heureux de l'escarpolette, 1767, Wallace Collection, Londres

    Cette peinture n'est-elle pas charmante ? Le commanditaire a voulu que Fragonard le représente de telle sorte qu'il puisse observer les jambes de sa maîtresse, "et mieux encore si vous voulez égayer votre tableau". De même que pour le tableau précédent, il y a quelques messages et symboles ici, notamment l'angelot à gauche qui met un doigt devant sa bouche, nous rendant ainsi complice, nous, spectateur, et disant qu'il faut garder le secret de cette rencontre ou de la vision qu'à le jeune homme caché dans les buissons de l'entre-jambe de son amante. La tension érotique est simplement suggérée ; elle n'est jamais complètement montrée de façon explicite dans la peinture rococo, c'est l'une des choses que j'apprécie dans cet art.

    Les couleurs sont également pastels, avec la touche d'éclat sur la maîtresse ; j'aime beaucoup les détails de ce tableau, le mouvement des soieries de la robe couleur pêche, la chaussure que la dame perd dans son élan, les fleurs et les feuilles, teintées de blanc.

     

    Boucher, La sieste interrompue, 1750, Metropolitan museum

    La sieste de la jeune fille, qui va être interrompue par le jeune homme la chatouillant, est bien sûr une métaphore de la virginité qu'elle va bientôt perdre. On retrouve cette symbolique dans la cage d'oiseau dans l'arbre, qui est encore fermée...

    Ce tableau circulaire est tout en courbe et en légèreté ; il s'en dégage une ambiance très sereine je trouve.

    Les peintres du XVIIIe siècle utiliseront beaucoup la métaphore de la cage d'oiseau pour figurer la virginité, qu'elle soit encore intacte (la cage est fermée) ou perdue (la cage est ouverte, comme dans la Jeune fille se lamentant sur un oiseau mort, de Greuze). Il y a aussi la métaphore d'un objet cassé, comme dans La cruche cassée, de Greuze.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Dans ce musée devra aussi être présente la série de toiles que Boucher a fait de la marquise de Pompadour, que j'admire !

    http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5f/Fran%C3%A7ois_Boucher_017.jpg

    http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4c/Boucher_Marquise_de_Pompadour_1756.jpg

    [image-25296.jpg]

    Les robes de la marquise me font pâlir d'envie ! Les détails des drapés, des rubans, des fleurs, de la matière du tissu sont magnifiques. Les courbes donnent une impression de légèreté, d'élégance.

     

    Sous le règne de Louis XVI, Élisabeth Vigée-Lebrun est une artiste que j'aime beaucoup, et j'apprécie tout particulièrement la douceur de ses tableaux (essentiellement des portraits), l'ambiance légèrement floue mais harmonieuse.

    Vigée-Lebrun, Marie-Antoinette à la rose, 1783

     

    Vigée-Lebrun, Autoportrait au chapeau de paille, 1782

     

    Vigée-Lebrun, Princesse Louise Radziwill Hohenzoller, 1801 (on dépasse de justesse le cadre du XVIIIe siècle, mais ce portrait est tellement joli)

     

    Voici donc les tableaux de ma salle sur le XVIIIe siècle, tout en allégresse ! J'y ai mis mes oeuvres préférées, que je connais (mais pas toutes : ce serait un article à rallonge !) ; il se peut que j'en découvre d'autres !

    Vous pourriez, à votre tour, créer votre musée imaginaire

     

    logo-L'art dans tous ses étatsCet article peut contribuer au challenge "L'art dans tous ses états", de Shelbylee


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  • Commentaires

    1
    Samedi 21 Décembre 2013 à 19:24
    Arieste

    Quel joli musée imaginaire, je te volerai bien quelques toiles ! 

    2
    Lundi 23 Décembre 2013 à 13:41

    Ah si seulement je pouvais avoir ces tableaux dans mon musée :-) Lesquels te tenteraient ?

    3
    Lundi 23 Décembre 2013 à 17:35
    Arieste

    Quelques Boucher et Fragonard ;)

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    4
    Mardi 24 Décembre 2013 à 13:33
    praline

    Depuis quelques temps, j'ai aussi mis en place mon petit musée imaginaire, il se remplit à coup de visites dans les musées et dans les expositions. Il est ici : http://www.pinterest.com/pralineries/mon-mus%C3%A9e-imaginaire/

    5
    Mardi 24 Décembre 2013 à 14:58

    @praline : Il est déjà bien fourni ton musée :-)

    6
    Mercredi 1er Janvier 2014 à 12:23

    Ou ba moi dans le mien de musée y aurai aucune toile du 18eme francais ! On a pas les  même goûts ! Le seul que j'accepterai c'est celui de Joshua Reynolds, Georgiana, duchesse de Devonshire de 1786. Mais j'attend la suite avec impatience.

    C'est marrant j'ai aussi un musée sur Pinterest ! http://www.pinterest.com/lanixe/my-museum/ Mais le mien est petit et du coup je viens de rajouter ce tableau !

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