• [Lecture] "Il est de retour", de Timur Vermes

    J’ai manqué à mon devoir en ne publiant pas d’article sur mes lectures du mois de juin (bon, en même temps, je ne prends pas ce blog comme un devoir wink2 ). Je me rattraperai courant août (je croise les doigts !) pour juin + juillet, mais en attendant, voici un billet unique de lecture, car les paragraphes sont trop longs pour être insérés au milieu de plusieurs avis. Il m'a fallu tout de même plusieurs semaines après la lecture pour l'écrire, le temps de laisser décanter ^^.

     

     

     Il s'agit de Il est de retour, de Timur Vermes.

     

     

    J’ai longtemps hésité à lire ce livre, et la raison est pour moi évidente : de nos jours, Hitler en personne se réveille au milieu d’un terrain vague à Berlin, son dernier souvenir étant d’être dans son bunker, en 1945. Étonné que les gens ne fassent plus le salut nazi, que l’Allemagne ait perdu la guerre, etc., il entend bien restaurer son Reich perdu.

     

    Si ce scénario avait été autour de n’importe quelle autre figure historique, je n’aurais pas tergiversé aussi longtemps et aurais tout de suite été attirée par le fait de découvrir les réactions d'un Louis XIV (archétype du monarque absolu) découvrant la République française, ou d'un Émile Zola sur la société de consommation actuelle. Mais là, nous parlons de Hitler. Et le synopsis m’a paru à la limite du politiquement correct. Mais le fait que ce livre soit un bestseller en Allemagne (où le sujet du nazisme reste encore plus tabou qu’en France) et que des critiques parlent d’humour, m’ont fait me décider. Et je ne regrette pas. Toutefois, je n’ai pas su déceler l’humour (ou alors il est tellement grinçant qu'il passe inaperçu)… Au contraire même, il est terrorisant de voir la montée rapide d’Adolf Hitler de nos jours, dans ce roman. Il utilise en effet à son compte le pouvoir des médias actuels et il s’imagine l’impact encore plus immense qu’aurait pu avoir son discours, en son temps, avec internet et la télévision dans chaque foyer. Il commente également les nouveautés du XXIe siècle qui lui paraissent bien étrange.

     

    Aujourd’hui, il est embauché comme « humoriste » à la télévision et devient vite la coqueluche des médias, tant de ceux qui le critique et qui pensent bien deviner son jeu (revenir en 1930-1940), que de ceux qui le soutiennent, pensant avoir affaire à un véritable comédien ironisant sur la politique du Troisième Reich. Mais ce sont bien ces critiques positives qui sont les plus troublantes car elles ne voient pas le danger. Exactement comme le peuple allemand en 1933 [en parlant de cette date, l’éditeur a fixé le prix du livre à 19,33€]. Et nous, lecteur, on est tenté de ne pas voir cette menace non plus, tant le Hitler décrit par Vermes nous parait humain...

     

    Il y a plusieurs malaises instaurés par l’auteur : déjà, le récit est à la première personne, et cette première personne est Hitler. Oui, on est dans sa tête ! Ensuite, plusieurs fois, j’ai été prise de pitié pour lui, ce qui est très dérangeant ; j’ai aussi souri face à certaines de ces réactions (notamment lorsqu’il assiste à l’Oktoberfest). Mais au final, on ne peut évidemment pas se départir de la connaissance de ce qu’il est advenu de sa « politique », de la Shoah, de l’horreur (travaillant toute la journée sur des photos de la Seconde Guerre mondiale, je sais de quoi je parle – même si il n’est bien sûr pas nécessaire de côtoyer tous les jours cette période pour avoir en tête les atrocités commises).

     

    Dans le récit, Hitler joue sur l’ambigüité de son personnage de télévision (comédien dénonçant la politique hitlérienne ou dénonçant la politique actuelle d’une « femme chancelière » pour un retour en arrière ?), comme quand il répond à sa supérieure, qui lui dit qu’il ne peut pas faire de blagues sur les juifs : « Je ne plaisante jamais sur les juifs ». Son entourage et ses "fans" commencent à, sur le ton de la plaisanterie, le saluer en levant le bras et à lui donner des "mon Führer", sans se douter de la menace qu'ils ont en face d'eux.

     

    La fin m’a laissé sur ma faim..., pour certaines explications qui ne viennent pas. Mais cette satire a été assez distrayante et intéressante à la fois, bien que perturbante.

     

     

    En parallèle, si cette période de l’histoire vous intéresse, si vous voulez connaître les répercussions qu’a encore aujourd’hui Mein Kampf, je ne peux que vous recommander Mein Kampf, l’histoire d’un livre, de Antoine Vitkine. Il se lit vraiment très bien, est bien documenté sans être étouffant. Il m’a beaucoup appris.

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Samedi 1er Août 2015 à 15:10
    Arieste

    Ce livre a l'air intéressant même s'il est dérangeant, je le note :)

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